Brimborion

Brimborion

Histoire et patrimoine
Publié le 14 janvier 2021 Modifié le 1 février 2021

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Le nom de Brimborion fut successivement donné à deux propriétés situées sur la « Butte de Chatillon ».

La première propriété, située en bord de Seine, appartenait à Madame de Pompadour qui l’avait surnommée sa Babiole (son brimborion) vu la modestie de cette demeure comparée au Château de Bellevue qui la surplombait sur la colline. Si la Pompadour a acheté cette propriété, c’est autant pour surveiller l’avancement des travaux du château de Bellevue que pour y abriter ses amours royales. La Marquise y organise pour le roi une vie intime et dépourvue de protocole.

Mais Brimborion est aussi le décor de jeux diplomatiques internationaux. En 1755, le Roi voit grandir la menace de la Prusse : un rapprochement avec un de ses ennemis est nécessaire. L’Autriche, qui a perdu la Silésie peu avant, est un allié tout désigné. Mais l’opinion publique française est hostile à l’Impératrice Marie-Thérèse, c’est donc en secret que se rencontrent l’abbé comte de Bernis, ministre des Affaires étrangères de Louis XV, et le comte de Stahremberg, ambassadeur d’Autriche en France. Les discussions du 3 septembre 1755 conduisirent à la signature du Traité de Versailles le 1er mai 1756 et au « Renversement des alliances ».

En 1757, Madame de Pompadour cède Bellevue et Brimborion au Roi. Devenues résidences royales, les deux propriétés subissent de nombreux travaux d’embellissement.

Au décès de Louis XV en 1774, le château est attribué à ses sœurs Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie de France. Elles s’installent à Bellevue tandis que leur personnel est logé à Brimborion. À la Révolution, Mesdames quittent la France et abandonnent leurs propriétés qui sont rapidement réquisitionnées. Tandis que Bellevue est détruit, Brimborion devient un dépôt de munitions.

Au cours du XIXe siècle se succèdent les propriétaires parmi lesquels le chanteur lyrique Antonio Tamburini et le ministre tunisien Nissim Sanama. La guerre de 1870 n’épargne pas le bâtiment qui, à la fin du siècle, n’est plus que ruines.

Si aujourd’hui, la colline se nomme Brimborion, c’est par un hasard cartographique. Suite aux pourparlers entre la France et l’Autriche, les géographes voulurent mettre en valeur le lieu des négociations et inscrivirent donc le nom de Brimborion. Mais à l’échelle de la carte le mot s’étalait sur toute la colline de Chatillon. La confusion était évidente et au cours du XIXe siècle, la colline fut rebaptisée.

On attribue, à tort, le nom de Brimborion à une seconde propriété qui se situait plus en hauteur sur la butte. En 1778, lorsque Madame de Coislin acquiert le domaine, délimité à l’ouest par la route de Sèvres à Versailles, au sud et à l’est par le Domaine de Bellevue et au nord par la propriété du Duc de Chaulnes, s’étend ici une carrière dont les pierres avaient servi à la construction du château de Bellevue : un décor accidenté et rocailleux propice à la création d’un pavillon et d’un jardin à l’anglaise, très en vogue à cette époque. Elle en confie l’exécution à Bellanger, auteur du jardin de Bagatelle. Madame de Coislin, émigrée pendant la Révolution, abandonne son domaine mais y revient sous l’Empire et meurt en 1817.
Dévastée pendant la guerre de 1870, la propriété est restaurée par Hermann-Joseph Oppenheim. Ce banquier d’origine allemande, dont le nom est gravé dans l’église de Sèvres en qualité de donateur, y établit une demeure de style second-empire. Dans la première moitié du XXe siècle, le domaine sera abandonné et finalement détruit. Vestige de cette époque glorieuse, le portail situé au 21, avenue de la Division-Leclerc encadre l’entrée de la piscine municipale.

La colline de Brimborion est aujourd’hui un site protégé. D’abord inscrit à l’inventaire supplémentaire des Sites de Seine-et-Oise en 1934, il est classé en 1958. Restauré en 1997, le domaine de Brimborion est un cadre verdoyant qui accueille le poney club et un centre de loisirs.