Rencontre avec Prisca Thévenot, votre Députée

Rencontre avec Prisca Thévenot, votre Députée

Portrait
Prisca Thévenot a été élue députée de la 8e circonscription des Hauts-de-Seine le 19 juin dernier avec 65,75?% de voix. Investie par Renaissance, c’est un nouveau palier franchi dans la carrière politique de cette trentenaire, maman de deux enfants et conseillère régionale d’Île-de-France.
Publié le 11 août 2022 Modifié le 22 septembre 2022

Sommaire

Le Sévrien : vous avez été élue Députée de la 8e circonscription des Hauts-de-Seine le 19 juin dernier. Avant de vous lancer dans la politique, vous avez fait carrière dans le monde des Télécoms puis dans l’entrepreneuriat social. Pourquoi la politique ?

Prisca Thévenot : Effectivement, j’ai été consultante pendant 8 ans dans les télécoms et médias puis je me suis lancée dans le monde de l’entrepreneuriat économique, social et solidaire (ESS) dans le domaine de l’accès des femmes au monde professionnel, et en parallèle, j’ai fondé ma famille. Je suis devenue maman de deux garçons, et c’est là où les questions se sont posées. J’ai voulu me lancer dans la politique, non pas par rejet du monde professionnel privé, mais par envie de faire évoluer le monde dans lequel mes enfants allaient grandir. Le monde à la maison j’en suis maître et en pleine possession, le monde en dehors de la maison, absolument pas. Avec mes petits bras, je n’arriverai pas à tout changer, mais peut-être que j’arriverai à faire évoluer certaines choses. La décision de m’engager en politique est profondément une décision familiale, car quitter le monde professionnel quand on est marié, deux enfants, avec un prêt immobilier sur la tête, ça ne se décide pas comme ça.

Le Sévrien : Vous êtes la fille unique de parents mauriciens. Vous parlez souvent de vos origines auxquelles vous êtes très attachée. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Prisca Thévenot : Mes origines font parties de moi. Elles se voient sur mon visage, sur mon nom de jeune fille, et puis autant je suis fière d’être française, autant je suis fière d’être la fille de mes parents. Mes parents sont Franco-Mauriciens. Ils ne sont pas partis par rejet de leur pays, mais parce qu’ils aimaient profondément la France. Et pour aimer un autre pays, il faut être à l’aise avec le sien d’abord. J’assume pleinement ces deux mondes, ces deux cultures, qui ne sont pas opposés, au contraire, ils sont à conjuguer pour prendre le mieux et le moins bien et ainsi les faire grandir. Quelque part c’est une richesse. Je suis extrêmement chanceuse d’avoir cette richesse que j’essaye de mettre en avant dans la politique, d’autant plus aujourd’hui avec le visage qu’a l’Assemblée nationale. Les différences doivent nous rassembler.

Le Sévrien : Vous êtes maman de deux enfants. Est-ce que concilier vie de famille et vie politique est facile en tant que femme ?

Prisca Thévenot : Sur l’aspect agenda, ce n’est pas plus difficile que pour n’importe quelle autre femme. Au-delà de l’agenda, il y a l’aspect politique et publique que je n’avais pas dans le monde professionnel privé. Mais, j’ai les pieds stables bien ancrés dans une situation familiale extrêmement forte, sinon ce n’est pas possible. C’est important d’être bien entourée.

Le Sévrien : Vous êtes membre de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Prisca Thévenot : Il n’y a pas d’un côté les hommes et de l’autre les femmes, mais il y a les hommes et les femmes. Il y a beaucoup de choses à faire, il ne s’agit pas de venir s’auto-congratuler car nous avons mis des femmes à l’Assemblée nationale. Oui on l’a fait avec Emmanuel Macron certes, et ensuite ? Il faut aller plus loin et il y a un certain nombre de sujets sur lesquels j’ai à cœur de travailler, notamment celui de la santé des femmes dans sa globalité.
La santé des femmes n’est pas un acte à l’instant T mais un parcours dans sa globalité. Le corps de la femme a besoin d’une attention plus particulière que celui d’un homme. Une femme doit être accompagnée dès sa plus jeune enfance. On a des parcours de santé plus complexes que celui des hommes certes. Pour autant, je souhaite que les femmes aient la possibilité d’avoir le choix, dans la consultation et dans l’accès aux soins, ce qui aujourd’hui n’est pas réellement fait parce qu’il y a trop de tabous. C’est un des sujets sur lequel je veux travailler au sein de la délégation des droits des femmes mais aussi au sein de la commission des affaires sociales. Les choix ne sont pas anodins.

Le Sévrien : Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États Unis a annulé une décision du 22 janvier 1973 reconnaissant le droit à l’avortement au niveau de l’ensemble des États. Vous faites partie du groupe de travail pour proposer une loi constitutionnelle visant à garantir le droit à l’interruption de grossesse. Qu’en est-il pour vous de cette décision ?

Prisca Thévenot : Ce qui se passe aux Etats-Unis est déjà en train de se passer en Europe. La Pologne et la Hongrie sont déjà revenues sur ces sujets. Ce n’est parce qu’on interdit l’IVG, qu’elle n’est pas pratiquée. Les IVG clandestines sont dangereuses pour les femmes. Les droits des femmes sont des droits fragiles. Encore une fois, il ne s’agit pas de dire qu’on peut tout faire, mais on se doit de faire quand le droit des femmes recule. Et on le voit, quand les droits des femmes reculent, celles des minorités également. C’est pourquoi j’ai cosigné avec l’ensemble des députés et notamment Aurore Berger cette volonté d’inscrire le droit à l’IVG dans la constitution qui est un droit encadré.

Le Sévrien : Les médias décrivent l’ambiance à l’Assemblée nationale comme difficile, qu’en est-il ?

Prisca Thévenot : On arrivera toujours à travailler. Maintenant, certains bancs de l’Assemblée nationale considèrent que l’Assemblée nationale a vocation à nous battre les uns avec les autres. Alors que nous sommes là pour débattre. Cela continue encore un peu, mais les deux premiers textes que nous avons étudiés (le projet de loi sanitaire et le projet de loi pouvoir d’achat) ont montré qu’au bout du jour, nous y sommes arrivés. On a réussi à bâtir des compromis sur la base d’un socle commun.

Le Sévrien : Concernant le territoire de votre circonscription, quels sont les sujets qui reviennent le plus souvent lors de vos rencontres avec les Sévriens ?

Prisca Thévenot : Deux sujets reviennent très souvent : l’accès aux soins et le respect de notre environnement. Et quelque part, c’est un peu lié, car respecter son corps c’est aussi respecter l’environnement dans lequel on vit. Oui, je veux m’engager sur ces deux sujets, et je pense que nous pouvons avancer dans l’hémicycle avec Europe écologie les Verts, le parti socialiste et les Républicains. L’exode médical est un vrai sujet. Il faut pouvoir être en capacité de proposer aux médecins, au personnel soignant qui viendraient travailler dans nos établissements, la possibilité d’être logé. Le fait de ne pas être sur place pose la question du transport, et ma double casquette peut aider à faire également avancer ce sujet, étant conseillère de la région Île-de-France et que le transport est une compétence régionale.
Du côté de l’environnement, je souhaite également travailler avec l’ONF pour préserver ces poumons verts que sont nos forêts. Et l’actualité est là pour nous rappeler que c’est primordial.

Le Sévrien : Comment souhaitez-vous travailler avec les élus et les habitants de la circonscription ?

Prisca Thévenot : Nous avons la chance sur cette circonscription d’être en harmonie politique, c’est-à-dire que aussi bien moi, que les maires, que les sénateurs de la circonscription, nous ne sommes pas du même bord politique. Pour autant nous avons cette même ambition, c’est de travailler ensemble. Je tiens à le dire : c’est assez inédit. C’est parce que nous avons cette capacité-là localement de travailler ensemble et d’être mobilisés, que nous allons ainsi avoir cette démarche de communication. Les maires et leurs équipes municipales de la circonscription le font déjà très bien, j’essayerai d’apporter pour ma part, une dimension nationale.
A la rentrée, nous allons avoir un point avec l’ensemble des maires pour qu’on mette tout sur la table. Et je souhaite partir sur cette base de travail, on a des nuances certes, mais on a envie de faire avancer les projets de la circonscription. Nous sommes une équipe, et cette équipe va avancer ensemble.

Le Sévrien : Comment les Sévriens peuvent-ils vous contacter ?

Prisca Thévenot : Il y a différents points. Mardi, mercredi et jeudi, je serai à l’Assemblée nationale pour des raisons d’agenda. Les lundis et vendredis seront sanctuarisés pour la circonscription. La permanence parlementaire sera physiquement située à Sèvres (nous sommes en train de chercher un local), et elle sera ouverte les lundis et vendredis. A partir du mois de septembre, il y aura une permanence itinérante qui sera mise en place : un point de rencontre par mois et par ville. On va essayer de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’angle mort dans cette capacité d’échanger.

Nous mettrons en place également des réunions publiques autour de thèmes. Encore une fois, il est important de mettre en place de nombreux moments récurrents où tout à chacun peut venir échanger ou « pousser des coups de gueule ». Il n’y a pas de mauvais sujet, pas de mauvais débat, tant qu’il y a du respect, tout est bon à entendre.

Le questionnaire de Prisca Thévenot

Votre vertu préférée ? Le bavardage
Votre principal trait de caractère ? La timidité
Votre principal défaut ? Vouloir que les choses aillent trop vite
Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? L’optimisme
Votre occupation préférée ? Les Lego®
Votre dernier concert ? La Pat patrouille avec mon fils
Votre plat préféré ? Le traditionnel poulet rôti du dimanche avec des pommes de terre
Votre rêve de bonheur ? Je crois que je suis déjà heureuse… Accepter que le bonheur n’est jamais absolu
Quel serait votre plus grand malheur ? J’ai la volonté de faire avancer les choses pour le pays que j’aime, et je trouverai dommage que peut-être mes enfants n’aient pas cette flamme-là.
À part vous-même, qui voudrez-vous être ? Être un de mes fils, lequel je n’arrive pas à savoir. Je les trouve incroyable !
La qualité essentielle pour exercer le mandat de député ? Écouter réellement
La réforme que vous estimez le plus ? La réforme des retraites
Quel est votre endroit préféré à Sèvres ? Le marché, c’est un lieu de vie