Le bombardement des usines Renault

Le bombardement des usines Renault

Histoire et patrimoine
Il y a 80 ans, le 3 mars 1942, les Sévriens devaient subir les conséquences tragiques des bombardements alliés sur les usines Renault.
Publié le 24 mars 2022 Modifié le 14 avril 2022

Sommaire

Malgré les milliers de tracts lancés par les avions de la Royal Air Force sur la ville de Boulogne-Billancourt pour prévenir des bombardements, la population n’eut pas le temps de se mettre à l’abri. Après deux heures de pilonnage de la Royal Air Force, les habitations du bas de Sèvres étaient en flamme, le pont de Sèvres et la Manufacture nationale de porcelaine étaient touchés. Ce bombardement était le premier en région parisienne depuis la fin de la guerre en France.

Les usines Renault sont touchées mais près de 400 civils périssent et plus de 1000 personnes sont blessées. À Sèvres, ce premier bombardement fait 29 décès et 400 familles sont sinistrées. Les habitants des rues Troyon et Anne Amieux sont particulièrement éprouvés. La production de Renault reprend à partir de juin 1942 avant de connaitre de nouveaux bombardements, en avril puis septembre 1943.

Les bombardements alliés sur la France ont fait plus de 60 000 morts entre 1940 et 1945. Ces bombardements alliés étaient avant tout stratégiques. Il s’agissait de détruire les infrastructures produisant du matériel de guerre allemand. D’un point de vue tant géographique (la situation de la France, entre l’Angleterre et l’Allemagne, en faisait une cible majeure) que technique (les avions britanniques n’avaient pas encore les moyens de bombarder massivement le territoire allemand), le bombardement de la France s’était finalement imposé aux Alliés comme le seul moyen de faire acte de guerre.

Témoignages

Madeleine Berthault, rue du Théâtre (actuelle place du Théâtre)
Nous sommes le 3 mars 1942, aux alentours de 21h. La nuit est claire, pas de nuages ; ciel limpide. Brusquement, une vague d’avions anglais envahit le ciel. L’alerte n’est pas donnée et une pluie de bombes s’abat sur la ville.
Les sirènes se mettent alors à retentir. Nous n’avons pas le temps de nous rendre aux abris. Au travers des vitres, on aperçoit des fusées éclairantes, plein de ballonnets. La DCA tire, les bombes tombes, surtout ne pas sortir ! Le bombardement durera deux heures. Les avions anglais arrivent par vague. Au matin, les dégâts sont terribles. Les usines étaient la cible du bombardement. L’usine Renault, l’usine Farman sont très touchées, mais aussi les maisons environnantes et le bas de Sèvres, place du Parc et surtout la rue Troyon.
Une famille entière est anéantie : la grand-mère, les enfants et les petits-enfants : les Deconinck (8 morts). Plus loin, le famille Chevrier a subi le même sort : la maman tuée, le fils emmené très blessé, seul le père s’en sort.
À la manufacture, tout le côté gauche du pavillon du personnel est tombé, heureusement les habitants se sont réfugiés dans la cave. La famille Godet qui demeurait dans le petit pavillon des gardiens à gauche du musée est également touchée (…). La nuit du 3 mars 1942 fut une nuit de cauchemar !

Colette Ackerer, rue des Bruyères
En 1942, j’avais 12 ans. Le 3 mars, vers 21 heures, nous avons entendu le bruit de moteurs d’avion et apercevions les fusées lumineuses. Les avions arrivaient par vague. Mon père pensant que tout était terminé est sorti dans la cour, à ce moment-là un avion a lâché quatre bombes dans la rue des Bruyères : plusieurs maisons ont été endommagées causant deux morts, mon père fut grièvement blessé. (…) Après une hospitalisation de trois mois, il rentra à la maison, mutilé au visage. Ce sont des moments douloureux qui après toutes ces années sont restés gravés dans ma mémoire.