La dernière nuit de Léon Gambetta

La dernière nuit de Léon Gambetta

Histoire et patrimoine
Personnalités de Sèvres
Le Sévrien vous propose, avec les Archives de la ville, de revivre certains événements qui ont marqué l’histoire de notre ville. Ce mois-ci, dans « Histoire de Sèvres », retour sur les derniers jours de vie de Léon Gambetta dans sa demeure des Jardies…
Publié le 4 janvier 2023 Modifié le 2 février 2023

Sommaire

Léon Gambetta s’est éteint dans la nuit du 31 décembre 1882 au 1er janvier 1883 dans la demeure des Jardies qu’il avait acquise pour se reposer et vivre sa passion avec sa compagne Léonie Léon.
La destinée de Léon Gambetta (Cahors, 1838-1882, Sèvres) commence le 14 novembre 1868. Alors avocat, il fait un complet réquisitoire contre le Second Empire lors du procès Baudin. C’est lors de ce procès que Léonie Léon, qui avait à peu près le même âge que Gambetta, le voit pour la première fois. Elle est captivée par sa capacité d’orateur. Éprise, elle essaye de le rencontrer durant 4 ans, mais la liaison de Gambetta et Marie Meersmans la tient écartée jusqu’en 1872.
Député des Bouches du Rhône en 1869, Gambetta proclame la République le 4 septembre 1870 à l’Hôtel de ville de Paris, deux jours après la défaite des armées françaises face aux armées prussiennes à Sedan. Les députés républicains de Paris forment sans attendre un gouvernement de Défense nationale. L’objectif est de poursuivre la guerre. À cette fin, Gambetta, ministre de la Guerre et de l’Intérieur, quitte Paris en ballon, le 7 octobre 1870, pour organiser la délivrance de Paris encerclé, mais de nouvelles défaites militaires amènent le gouvernement à signer un armistice avec Bismarck, le 28 janvier 1871. Le 6 février, Gambetta démissionne du gouvernement, mais il ne cessera pas de faire figure de chef du parti républicain et d’être député jusqu’à sa mort. Le 7 novembre 1871, il fonde un journal, la République française.

Un amour impossible

L’Assemblée nationale est installée à Versailles depuis 1871, et Léonie Léon ne manque pas les séances dans lesquelles Gambetta doit prendre la parole. Ils finissent par se rencontrer en avril 1872 et il est à son tour fasciné. Ils se voient surtout chez elle à Paris au 7 rue Bonaparte. Léonie Léon désire d’abord être épousée mais Gambetta s’y refuse. Fille naturelle d’un officier militaire et maîtresse de l’Inspecteur Général de la Police des Résidences impériales dont elle a eu un fils illégitime, elle n’est pas une épouse idéale pour un chef républicain. C’est sans doute pour cette raison que leur liaison est d’abord secrète. Plus tard, ce sera elle qui refusera d’épouser Gambetta.
Il décide en 1877 de s’installer aux Jardies pour se reposer et vivre plus intimement avec Léonie Léon. Il achète progressivement le domaine.
Le 14 novembre 1881, Jules Grévy appelle Gambetta à la tête du gouvernement. À 43 ans, c’est le plus jeune président du Conseil. Son gouvernement tombe 74 jours plus tard, le 26 janvier 1882. À l’automne 1882, Léonie Léon consent au mariage, une date est fixée mais un drame va surgir.
Le 27 novembre 1882, Gambetta, bien que familier des armes, se blesse à la main droite en refermant un revolver. La blessure est apparemment soignée, mais, fragilisé par des pathologies antérieures, l’état général de Gambetta s’aggrave brutalement le 31 décembre matin.
Les nombreux médecins présents à son chevet n’arrivent pas à s’accorder sur la nécessité d’une opération et Gambetta meurt des suites d’une péritonite le 31 décembre 1882, à minuit.
Après la mort de Gambetta, Léonie se retire à Auteuil, dans une retraite approfondie par la mort de son fils. Elle vit ses dernières années dans la fréquentation des gens d’église et meurt le 14 novembre 1906. Pendant les dix années de leur liaison, Léon Gambetta et Léonie Léon se sont échangés quelques 6000 lettres, dont un millier a été conservé. Cette correspondance témoigne de la passion exceptionnelle à la fois amoureuse et politique qu’ont entretenu les deux amants.