Tribune libre – Mars 2021

Tribune libre – Mars 2021

Tribune libre
Publié le 2 mars 2021 Modifié le 9 juin 2021

Sommaire

Tribune de la majorité municipale

Laïcité rime avec liberté
La ville fait peindre une fresque représentant la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » sur le mur pignon du collège de Sèvres. Cette initiative artistique et pédagogique suscite une de ces vaines polémiques dont notre pays a le secret. Six figures illustrent cette Déclaration, chacune incarnant un combat universellement reconnu pour faire triompher ces droits. Gandhi est l’inventeur de la non-violence. Olympe de Gouges a combattu pour les droits civils et politiques des femmes. Yvonne Hagnauer, pédagogue sévrienne et résistante, a été reconnue « Juste parmi les Nations » en 1974. Martin Luther King a reçu le prix de Nobel de la Paix en 1964 pour sa lutte non-violente contre la ségrégation raciale. Nelson Mandela a reçu le prix de Nobel de la Paix en 1993 pour sa lutte contre la ségrégation raciale. Mère Teresa a reçu le prix Nobel de la Paix en 1979 pour son combat contre la pauvreté. Chacun de ces six symboles reconnus dans le monde entier suscite des polémiques pour tels ou tels de ses comportements ou propos.
La section sévrienne de La France Insoumise regrette la figuration de trois personnalités « en lien très direct avec les religions : le pasteur Martin Luther King, Mère Teresa et le Mahatma Gandhi ». L’opposition municipale demande, elle, le seul remplacement de Mère Teresa. Pour la majorité municipale, qui représente une très large majorité des Sévriens, il n’est pas question de céder à la cancel culture, cette culture de l’effacement qui condamne au silence les personnes et les œuvres controversées. A fortiori lorsque le Comité Nobel et Yad Vashem–Institut International pour la Mémoire de la Shoah ont rendu leurs verdicts.
Notre conception de la laïcité ne rejoint pas celle de l’opposition. La grande loi fondatrice de la laïcité de 1905 est une loi de liberté et non d’exclusion. Et pour être tout à fait fidèle à la volonté des pères fondateurs de la laïcité, celle-ci ne se défie pas des religions, pas plus qu’elle ne se défie de l’athéisme. Elle est une position de stricte et totale neutralité entre croyants et non-croyants. Du reste, la majorité municipale a-t-elle vraiment des leçons de laïcité à recevoir ? Le 9 juillet dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a donné tort à la responsable du groupe « Sèvres en Transition » qui prétendait imposer à la Ville et au Préfet une application erronée de la loi de 1905. Enfin, pour terminer, censurer cette œuvre artistique, ne serait-il pas en contradiction avec l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi » ?

Les 29 élus de la majorité

Tribunes des oppositions municipales

Groupe Sèvres en transition

Une certaine image des Droits des Êtres Humains
Le dernier conseil municipal a été l’occasion d’aborder à la fois le bilan social de la ville et le projet de fresque sur le collège. Deux facettes des Droits des Êtres Humains : l’une concrète et actuelle, l’autre symbolique et historique.
Sèvres est une ville riche, mais elle héberge une large population modeste : jusqu’à 16 % de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté parmi les locataires. La situation sociale s’aggrave avec une augmentation du chômage ces dix dernières années (par exemple +30 % pour les femmes dans le 92). Face à cela l’action municipale est en régression. En effet, comment expliquer que seulement 50 familles aient reçu un secours du Centre communal d’action sociale en 2019 quand on connaît les besoins ? Et pourquoi ce chiffre est-il en baisse puisqu’elles étaient 90 en 2016 ? Pour les familles en difficulté de Sèvres, c’est souvent la double peine : lorsqu’elles ne sont pas suivies par le CCAS, elles ne sont pas orientées vers les associations d’entraide. Le département des Hauts-de-Seine a décidé de la fermeture d’antennes sociales, notamment à Sèvres et nous ne pouvons que déplorer que la ville ne déploie pas plus de moyens pour accompagner les plus précaires d’entre nous.
L’initiative de décorer la façade du collège de Sèvres sur le thème des Droits des Êtres Humains était intéressante. Le choix d’afficher cinq hommes pour une femme fut critiqué à juste titre par des collégiennes et le maire demanda à l’artiste de rééquilibrer la représentation qu’il lui avait commandé. C’est ainsi que nous découvrions, il y a quelques semaines, l’apparition du portrait de Mère Teresa. Des citoyens, des parents d’élèves s’en sont émus. Est-il opportun de faire figurer une sainte canonisée sur les murs d’un collège d’enseignement public où tout signe religieux ostentatoire est interdit ? Est-il opportun d’ériger une militante anti-contraception, anti-divorce et anti-avortement comme référence ? D’autres femmes n’auraient-elles pas été plus utiles pour illustrer le fait que l’égalité des sexes, l’émancipation des femmes, leur droit à disposer de leur corps reste une lutte dans notre pays et ailleurs ? De notre point de vue, la fresque du collège aurait dû faire l’unanimité de celles et ceux qui se revendiquent défenseurs des principes républicains. Le commanditaire a opposé un rejet catégorique à notre demande. Sur ce sujet, comme sur bien d’autres de la vie municipale, l’échange apaisé de points de vue divergents ne sont pas à l’ordre du jour.
Au pays de Voltaire, les Droits des Êtres Humains et la laïcité restent un combat de symboles et d’actions qui divisent encore.

Catherine Candelier, Jean Duplex, Anne-Marie de Longevialle Moulaï, Luai Jaff,
Lucile Gasber-Aad
sevresentransition2020@gmail.com

Pour Sèvres

Le 1er juin 2021 les véhicules CRIT’Air 4 ne pourront plus circuler entre 8 h et 20 h en semaine dans Sèvres et dans les 79 communes de la Zone à Faible Émission (ZFE) du Grand Paris. Le 1er juillet 2022 ce seront les CRIT’Air 3 et le 1er janvier 2024 les CRIT’Air 2. C’est demain.
Le remplacement d’une voiture individuelle polluante par un véhicule propre (mais polluant par sa fabrication) n’est pas la seule solution. Il faut repenser nos modes de déplacements favorisant transports en commun, autopartage, covoiturage et mobilité douces. Nos propositions sont sur poursevres.fr

Denis Moron
poursevres.fr