L’école Croix-Bosset

L’école Croix-Bosset

Histoire et patrimoine
Publié le 14 janvier 2021 Modifié le 1 février 2021

Sommaire

L’actuelle école Croix-Bosset a été construite à l’endroit même où la Maison d’enfants de Sèvres a accueilli des victimes de la guerre et de l’occupation parmi lesquelles de nombreux enfants.

Le site avait été occupé au milieu du XIXe siècle par des établissements religieux. Vendue à plusieurs reprises, la propriété accueille début 1941 des stages des centres d’entraînement aux méthodes de Pédagogie active, puis durant l’été des colonies du Secours national, organisme philantropique réactivé par le maréchal Pétain. C’est en octobre qu’Yvonne Hagnauer, enseignante engagée, rejointe par son mari Roger Hagnauer jusqu’en 1943, prend la tête de ce qui devient une Maison d’enfants, censée poursuivre l’oeuvre des colonies. Le couple, radié de l’enseignement public par les lois de Vichy, partage un esprit militant syndicaliste, pacifiste et libertaire, et un intérêt pour les méthodes de l’Éducation nouvelle.

Les premiers pensionnaires seront les enfants que personne n’est venu chercher à la fin de l’été, leurs parents ayant disparu pendant l’exode, ayant dû partir en Allemagne ou les ayant abandonnés. Vont les rejoindre, à partir de 1942, les enfants juifs français et étrangers contraints de se cacher, mais également ceux issus de familles résistantes ou en difficulté, ou encore des orphelins. L’école compte à l’époque une centaine d’enfants.

Outre de faux papiers pour certains, tous les résidents de la maison se voient attribuer un surnom, ou Totem : c’est ainsi qu’Yvonne et Roger Hagnauer sont restés pour tous Goéland et Pingouin. L’équipe enseignante se constitue également d’adultes victimes de la répression, proscrits du régime de Vichy, réfractaires au STO. Parmi eux, un certain Marcel Mangel, comédien résistant, connu par la suite comme le mime Marceau.

Yvonne Hagnauer fait tout son possible pour assurer le ravitaillement, apporter les soins nécessaires, avec l’appui d’un réseau de relations et de soutiens dont l’Entraide d’Hiver (direction parisienne du Secours national). La Maison d’enfants devient un lieu d’expérimentation de l’Éducation nouvelle, fondée sur le développement personnel. Une grande place est donnée à la découverte et l’éveil par les arts : céramique, imprimerie, dessin, danse, marionnettes, chant, musique, etc. Les enfants apprennent la vie en communauté, le partage, et développent le sens des responsabilités individuelles et collectives, et de la liberté.
Après la guerre, la Maison continue d’être un lieu d’accueil et d’enseignement innovant, et une véritable famille pour nombre d’enfants. En 1958, la Maison déménage au château de Bussière (17, avenue Eiffel à Meudon). Elle reste dirigée par les Hagnauer jusqu’à leur retraite en 1971. Yvonne Hagnauer s’éteint en 1985 ; elle aura été élevée au grade de chevalier de la Légion d’Honneur et reçu la Médaille des Justes.

La ville acquiert la propriété en 1957. La place manque à l’école Gambetta, surtout depuis que l’on construit de nouveaux logements au centre ville. En 1960 les travaux d’aménagement du groupe scolaire Croix-Bosset débutent. Il ouvre à la rentrée 1961. Le bâtiment, qui accueille des élèves de maternelle et de primaire, a été entièrement reconstruit entre 2008 et 2011.