L’histoire du grand moulin de Sèvres

L’histoire du grand moulin de Sèvres

Histoire et patrimoine
Le Sévrien vous propose, avec les Archives de la ville, de revivre certains événements qui ont marqué l’histoire de notre ville. Ce mois-ci, dans « Histoire de Sèvres », place à un patrimoine que peu de Sévriens ont connu, le vieux moulin de Sèvres.
Publié le 5 octobre 2022 Modifié le 16 novembre 2022

Sommaire

Depuis la rentrée, la crèche du Moulin regroupe la crèche mixte du Vieux Moulin et la halte-garderie de la Cristallerie. Revenons à cette occasion sur l’histoire du moulin.

Le moulin construit en bas de la colline de Brimborion, derrière le restaurant La Terrasse

Il existait plusieurs moulins à Sèvres et dès le XIe siècle, un moulin existait sur le ru de Marivel. Le Grand Moulin, situé sur le ru, au bas de la colline de Brimborion, était un moulin à eau avec deux roues et deux trémières garnies chacune de leur meule. Il comprenait un corps de logis pour loger le meunier, une cuisine, un fournil, une écurie, une antichambre, un grenier au-dessus, un toit couvert de tuiles, une cour close de murs et une porte cochère. En 1551, le Grand Moulin appartenait aux seigneurs de Meudon et de Sèvres. En 1656, Pierre Monnerot, conseiller du roi et receveur général des finances de la généralité d’Orléans, qui était déjà propriétaire de la demeure de Courchamp (propriété de l’hôtel de ville et terrain jusqu’à la porte du Mail et jusqu’à Saint-Cloud) achète le Grand Moulin.

Le Grand Moulin change plusieurs fois de propriétaires

Pierre Monnerot était un financier en affaire avec Nicolas Fouquet, surintendant des Finances. Après la fête à laquelle il est convié à Vaux en 1661, le roi Louis XIV décide de mettre un terme définitif à la carrière de Nicolas Fouquet en le faisant arrêter. Pierre Monnerot est entrainé dans sa chute, le Roi lui confisque ses biens en 1674 et il est embastillé à vie. Le Grand Moulin devient ainsi la propriété de Monsieur frère du Roi. Il fait ensuite l’objet de baux successifs.
Le 15 mars 1757, par arrêt du Conseil du Roi, le moulin est cédé au Duc de Chaulnes ainsi que les bâtiments et dépendances, les jardins et prés. Le Duc de Chaulnes est un personnage important. Membre honoraire de l’Académie des sciences en 1743, Pair de France en 1745, lieutenant général de Picardie en 1752, il était très lié d’amitié avec Madame de Pompadour. Il possédait de nombreux terrains sur la butte de Brimborion et un hôtel, qui n’existe plus aujourd’hui, sur l’actuelle rue Troyon. Le 8 mai 1762, le duc de Chaulnes passe un bail pour 9 ans au Sieur Keyser qui y fabriquait des dragées antivénériennes. Le moulin ne sert plus à produire du blé.

Le Grand Moulin laisse la place à un gymnase

Adrien Joseph Keiser (1720-1771), originaire d’une famille noble de Belgique, était pensionnaire du Roi. Il avait vendu à Louis XIV le secret de fabrication d’un remède contre les maladies vénériennes baptisé dragées et avait bénéficié en échange d’un brevet de pension. Ces dragées étaient composées d’acétate de mercure, d’antimoine cru, de poudres de racine de bardane et de la manne (suc qui s’écoule de certains végétaux que l’on utilise comme édulcorant).
En 1759 est imprimé un fascicule par ordre du Roi pour servir, aux frais de sa Majesté, les dragées Keyser dans les hôpitaux et maisons où les maladies vénériennes sont traitées.
En 1789, 18 ans après sa mort, les dragées du sieur Keyser sont toujours fabriquées à l’hôpital du Gros Caillou (ancien hôpital militaire du 7e arrondissement démoli en 1895).
En 1771, le Roi réintègre le moulin et ses dépendances dans le domaine royal et les donne à la Manufacture. Le sieur Keyser est sommé de quitter les lieux et obtient un terrain dans l’embouchure du ru de Marivel pour construire un moulin et poursuivre la fabrication de ses dragées. Le moulin permet de broyer le kaolin, il fonctionne jusqu’au transfert de la manufacture sur son site actuel en 1876. Il est alors remplacé par un atelier appelé moulin qui produit les pâtes et la couverte.

Le vieux moulin est en ruines dans les années 50

Le 2 mai 1935, après plusieurs années de tractation, la propriété du vieux Moulin est acquise par la ville auprès de l’Administration des Domaines. Le terrain est destiné à l’établissement de services municipaux. Le terrain est ensuite cédé à l’Éducation nationale afin d’y établir un gymnase. Finalement l’État demande à la ville d’assurer la maîtrise d’œuvre du gymnase qui deviendra la propriété de la ville. Par délibération du 21 février 1969, le Conseil municipal officialise l’appellation Gymnase du Vieux Moulin qui était déjà communément employée. Le gymnase est inauguré le 11 octobre 1969. Dans le cadre de la rénovation du bas de Sèvres et de la création du quartier de la Cristallerie, le gymnase est détruit en 1989. À son emplacement est construit un ensemble immobilier comprenant des parkings, des logements, une crèche et une halte-garderie.
La crèche du Vieux Moulin comprenant une crèche familiale et une crèche collective et la halte-garderie ouvrent en 1993.

Le gymnase construit en 1969 sur
l’ancienne emprise du moulin